Avant toute chose, il faut savoir que la Mongolie, c’est grand et qu’il n’y a pas ou presque pas de transport public, le seul moyen d’aller à un endroit est donc de louer soit un 4x4 (oubliez tout de suite tout autre type de voiture !), soit un minivan russe très moche mais terriblement efficace pour les espaces de type Toundra / Taiga / Steppe. Mais comme vous l’imaginez, c’est cher, d’autant plus que le litre d’essence est à 1 dollar (très cher en Asie) et que ces bestiaux en consomment quelques 20 litres au cent kilomètres; et 100 kilomètres en Mongolie, c’est quasiment faire du sur place !! Nous nous sommes donc joints à un groupe de 3 jeunes israéliens qui désiraient également partager les frais de transport.
Nous avons commencé notre petit périple par le nord car de nombreux voyageurs et les Mongols d’Oulan Bator nous ont mis en garde contre le froid qui sévit dans le Nord dès le mois d’Août ... oui oui Aout, on serait en droit de leur demander quand est l’été, mais bon comme on est poli, on ne dit rien ! Nos 3 premiers jours ne sont pas de tout repos car beaucoup de route et le quatrième jour qui devait se passer au bord du lac Khovsgol se solde finalement par un départ anticipé pour cause de temps catastrophique ... d’autant plus long et ennuyeux que la tente 6 personnes achetée à Oulan Bator quelques jours plus tôt prend l’eau, ainsi que le minivan russe de notre chauffeur !! L’ambiance est, pour le moins, calme ! En route pour le Nord donc (frontière Russie-Mongolie) pour aller voir un peuple particulier en Mongolie : les Tsaatans. Il y a une dizaine d’années, ce peuple était un des plus inaccessibles de la planète, aujourd’hui ce n’est pas une partie de plaisir mais ça se fait ... quand on est motivé ! 2 jours de minivan de plus (5 depuis Oulan Bator) pour arriver à une petite ville de laquelle on peut partir à cheval car pour arriver chez les Tsataans on doit traverser des ruisseaux et surtout des marécages. Pour vous expliquez afin que vous comprenniez mieux, les Tsaatans sont des nomades, éleveurs de rennes dans la région montagneuses qui sépare la Russie et la Mongolie, ils sont là depuis 2000 ans à (sur)vivre. Aujourd'hui il existe 2 camps distincts (chacun itinérant), le plus éloigné de toute civilisation comprend environ 40 familles tandis que le plus proche (celui dans lequel nous sommes allés) comprend seulement une dizaine de familles !
Nous voila donc partis pour 5 jours de cheval (2 aller, 2 retour et un jour sur place); on nous avait dit “attention ! A partir du 15 Aout, il peut neiger”, on ne nous avait pas menti, on arrive dans la region vers le 15 et il a neigé au moins 10 centimétres la semaine précédente ... on sent déjà que cette rencontre va être des plus glaçantes ! Les 2 premiers jours de chevaux se passent assez bien pour nos fesses malgré 7 heures de cheval d’affilé le second jour !! Nos amis Israéliens ont plus de soucis puisque 2 des 3 ont carrément une plaie au cul ... La fin du second jour est un peu longue, il pleut depuis 3 heures, on traverse des marécages tout le temps, lors des traversées de riviéres, nos cheveaux ont de l’eau jusqu’au poitrail et nous arrosent copieusement. Nous n’avons pas mal aux fesses, mais on a froid dans ce pays de foufous ! Pour infos, Erwan, qui a un duvet moins chaud que Caro n’enlevera pas son T-shirt, sa polaire, son pantalon et ses chaussettes pendant 5 jours et 5 nuits ... sympa les odeurs ! A sa décharge, il fait un bon -5 degrés dehors, notre tente n’est pas vraiment etudiée pour le froid et nous nous couchons avec le bas du corps trempé le soir !
Enfin, aprés l’effort, le réconfort ! Après 1 heure de cheval le matin du 3ième jour, nous arrivons à trouver le campement Tsaatans (ce que nos guides n’ont pas su faire le jour précédent !). Là c’est un peu la désillusion, nous sommes plus d’étrangers que de Tsaatans !! C’est dur de venir ici, mais pas assez apparemment ! Nous sommes environ 25 occidentaux; au début, on nous regarde un peu de loin mais après 20 minutes et après avoir trouvé un tipi (ici on dort dans des tipis) un peu plus éloigné, on arrive à s’intégrer dans une famille : un papa et ses 2 enfants. On passera chez ce peuple des rennes 24 heures, c’est court et assez long à la fois; assez long en tout cas pour se rendre compte de l’immense rien qui ponctue chaque journée de la vie de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants ! En effet en dehors du lâcher de rennes le matin à 5h, de la traite le soir vers 18h, il n’y a rien ou presque en dehors du froid. Au final ce sera une très bonne expérience, on a joué toute l’après midi avec les enfants après avoir nourri toute la tribu à midi !! Ici rien ne pousse à part quelques baies les 3 mois d’été et ils ne mangent rien ou presque : du pain et du lait, du fromage et de la viande de rennes ... Nous gouterons évidemment tout ca ! A part le lait de rennes qui est vraiment quelque chose de spécial, le reste est relativement insipide.
Une petite particularité de cette petite partie de la Mongolie (seulement 3 villages dans le nord) est qu’elle est un des berceaux du chamanisme dans le monde (avec les Chamans du Baikal), et nous avons eu la chance d’assister à une cérémonie où le chaman essaye d’appeler les esprits (forêts, eau, chasse) soit pour connaitre le futur, soit pour bénir une personne, un objet ou pour faire que la récolte ou la chasse soit bonne. La cérémonie n’a duré qu’une trentaine de minutes durant lesquelles le chaman utilise un tambour continuellement car c’est le moyen de transport pour lui entre la terre des hommes et celle des esprits. C’était à la fois bizarre, violent, impressionnant mais d’un autre coté, avec notre oeil d’occidental, on ne peut pas ne pas penser : Charlatan ! Au final nous sortons du tipi plein de fumée sans vraiment savoir quoi penser ...
Après cette rencontre atypique, il nous restait encore les 2 jours de cheval à effectuer avant de retrouver notre minivan russe, notre chauffeur mongol et nos moyennes de 20km/heure sur les sentiers impratiquables du Nord !!
Nous avons ensuite continué notre route vers le centre de la Mongolie.
